Nous sommes heureux d’annoncer que trois artistes talentueux rejoindront l’équipe de DePOT dans le cadre du programme d’artistes en résidence ! Cette année, nous avons sollicité des candidatures d’artistes des arts de la scène, des arts créatifs et des arts visuels qui traitent des relations entre la race, le populisme et la désindustrialisation ou qui se concentrent sur le rôle de la gauche dans la désindustrialisation. Nous tenions particulièrement à inviter des artistes de la base issus de la classe ouvrière, des communautés racialisées et marginalisées des régions désindustrialisées à se joindre à notre partenariat pluriannuel, interdisciplinaire et transnational. Nous sommes heureux d’accueillir Raechele Lovell, Paul Tom et Rémy Chhem au sein du projet DePOT.

 

Raechele Lovell

Raechele Lovell, une artiviste passionnée, est enracinée dans un quartier de Haldimand Tract, colonialement connu sous le nom de Kitchener, en Ontario, au Canada. Son parcours dans les arts a commencé alors qu’elle était enfant, lors d’une tournée avec la danse polyrythmique et la musique de son héritage caribéen, ce qui a déclenché une quête d’expression créative tout au long de sa vie. En tant qu’artiste bi-raciale, d’origine afro-caribéenne et mennonite allemande, Raechele navigue entre les intersections complexes de l’identité, de la culture et de l’art. Cette riche tapisserie de lignées informe son travail, entremêlant l’héritage ancestral avec des récits contemporains et l’enracinant dans une perspective unique en tant qu’artiste afro-diasporique sur l’île de la Tortue.

Le travail de Raechele est profondément ancré dans sa praxis décoloniale, un cadre nourri par la méthode Anitafrika sous le mentorat de d’bi.young anitafrika au Ubuntu Decolonial Arts Centre. Cette praxis remet en question les normes coloniales et célèbre les riches traditions de la narration afrodiasporique. Raechele croit au pouvoir transformateur des arts en tant que vecteur de guérison, de compréhension et de justice sociale, ce qui motive son engagement à créer des espaces où les voix marginalisées sont amplifiées et où les histoires de résilience et de résistance sont mises en avant.

Fondatrice et directrice artistique exécutive de DiverseWorks Dance Co, Raechele envisage un avenir où l’art afrocentrique prospère. Son dernier projet, « Uncovering Roots », se penche sur les récits historiques et contemporains de la désindustrialisation, explorant la résilience personnelle et collective à travers le mouvement. Grâce à sa voix et à sa vision artistiques uniques, Raechele vise à inspirer et à promouvoir le changement, en invitant le public à un voyage de découverte et de guérison. Son travail témoigne du pouvoir durable de l’art de relier, de transformer et de libérer.

Description du projet : Découvrir les racines

Enquêter sur les liens avec la désindustrialisation ancestrale par le biais de la pratique artistique. En novembre 2023, je me suis rendue à la Barbade pour la deuxième fois de ma vie afin de célébrer le centième anniversaire de ma grand-mère paternelle. J’ai profité de cette occasion pour faire des recherches sur ma lignée familiale. Ces recherches m’ont permis de découvrir le travail de mon grand-oncle Israel Lovell, un activiste panafricaniste de premier plan, et la lignée de notre famille qui remonte à l’esclavage sur la plantation de Drax Hall. Je me propose de retourner à la Barbade pour approfondir les récits oraux et déplacer mon corps sur les terres de la plantation de Drax Hall afin d’entrer en contact avec les esprits de mes ancêtres et les histoires inédites qu’ils recèlent. Cette recherche sera liée à ma place en tant que colon bi-racial au Canada, un pays que mon père a quitté pour une « vie meilleure » après l’ouverture des frontières aux pays de couleur dans les années 1960. Du côté maternel, j’ai trois générations de colons mennonites allemands qui sont arrivés au début du XXe siècle à Berlin, en Ontario – ma ville natale de Kitchener, en Ontario. Tout au long de ma vie, j’ai été confrontée à la marginalisation et au manque de place dans cette société, luttant contre la précarité du logement, l’insécurité alimentaire, l’accès à l’éducation et de nombreux autres problèmes sociaux résultant du racisme systémique et institutionnel. Mon objectif est d’explorer ma position dans le paysage de la culture canadienne en tant qu’artiste biraciale installée et d’examiner comment ces expériences se croisent avec la désindustrialisation dans le Commonwealth britannique.

 

Paul Tom

Puiser dans l’intime pour raconter des expériences de vies, c’est ce que Paul Tom (il/lui) fait avec sensibilité depuis 12 ans. Ses films donnent la parole à ceux que l’on n’entend pas toujours, créent le dialogue et ouvrent les bras à l’autre.  Né dans un camp de réfugiés en Thaïlande, ses thèmes de prédilection sont la construction de l’identité, les relations familiales ainsi que tout ce qui touche au côté fragile de l’être humain. Ses films Seuls et Bagages ont été sélectionnés dans une quarantaine de festivals à travers le monde en plus de remporter une dizaine de prix. Il est aussi auteur du roman illustré jeunesse Seuls paru à la courte échelle. 

Rémy Chhem

Rémy Chhem (il/lui), cofondateur du Collectif Super Boat People, est un organisateur communautaire de longue date, particulièrement au sein de la communauté cambodgienne. Auparavant impliqué dans Histoires de vie Montréal et le Centre Khémara, il se consacre à concevoir des projets dynamiques favorisant les ponts, la collaboration et le dialogue entre les communautés et les générations. Au sein de Super Boat People, Rémy mène divers projets liés à l’histoire communautaire et familiale ainsi qu’aux savoirs culinaires et horticoles. En dehors du collectif, Rémy œuvre comme chercheur académique en sciences sociales, avec notamment une spécialisation en écologie politique et un intérêt marqué pour l’histoire et la justice environnementales. 

 

Description du projet: Mémoires en filature : expériences de femmes travailleuses racisées de la restructuration du secteur textile à Montréal depuis les années 1970

Le projet vise à créer la première version du scénario et du storyboard d’un roman graphique portant sur les perspectives des personnes provenant de communautés de couleur qui ont été touchées par les vagues de fermeture et de restructuration dans la grande industrie du textile et du vêtement à Montréal, depuis les années 1970. Le projet met particulièrement en lumière les voix et les expériences d’une série de travailleuses immigrées et racialisées, pour retracer les impacts quotidiens de ce travail, du lieu de travail au lieu de résidence. Je souhaite refléter une diversité de parcours de femmes (ex. origine ethnique, âge, classe), tout en les contextualisant à travers différentes échelles de l’industrie textile, représentées tour à tour par des personnages tels que le contracteur, le syndicat, la compagnie et le gouvernement. Je vise aussi à représenter la pénibilité physique, émotionnelle et relationnelle de ce secteur, dont les conditions se sont graduellement transformées et dégradées au cours des décennies. Le projet est porté par Paul Tom, cinéaste de renom d’origine cambodgienne et auteur, qui a récemment gagné le Prix TD pour la littérature jeunesse du Canada (2023) grâce à son premier roman illustré Seuls/Alone. Il sera appuyé par Rémy Chhem, chercheur en sciences sociales et organisateur communautaire et par quelques collaborateurs au CHORN (notamment Steven High et Lauren Laframboise, avec qui nous avons eu des discussions préliminaires).

 

Les travaux de Raechele, Paul et Rémy seront présentés lors de la conférence DePOT de l’année prochaine à Paris, en France. Bienvenue et félicitations !