Paula Fernández Álvarez est doctorante au département d’histoire de l’art de l’université Complutense de Madrid (Espagne). Ses recherches portent sur la visualité de l’architecture industrielle moderne, l’urbanisme et le paysage à partir d’approches spatiales et objectives, en particulier dans l’étude de la performativité des paysages de ruines post-industriels. Elle est titulaire d’une licence en histoire de l’art, avec une mention extraordinaire, et d’un master en histoire de l’art contemporain et culture visuelle du musée national d’art Reina Sofia, de l’université Complutense et de l’université autonome de Madrid.   

Précédemment, elle a été chercheuse JAE Intro à l’Institut de philosophie du Conseil national de la recherche espagnole (CSIC) et titulaire d’une bourse FormARTE au Musée national des arts décoratifs du ministère de la culture du gouvernement espagnol. Elle a également collaboré avec le groupe de recherche de l’université Complutense « Imaginaries. Processus culturels dans la contemporanéité occidentale » et au projet du plan national pour la promotion de la recherche « La ville juste : exclusion, appartenance et biens communs dans une approche urbaine des théories de la justice ». Elle a effectué des séjours de formation à l’Institut d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université de la Sorbonne à Paris et à la section des arts du spectacle et des arts intermédiaires du département des collections du musée national d’art Reina Sofia. 

Ruines postindustrielles et imaginaires fossiles. Mémoire ouvrière, espaces et culture visuelle des mines de charbon.   

Cette thèse de doctorat explore les paysages postindustriels en ruine en tant qu’objet critique. Les espaces productifs en désuétude ou abandonnés suite au processus de désindustrialisation occidental sont analysés d’un point de vue qui prend en compte le territoire à travers des méthodologies qui appartiennent aux études culturelles, en particulier les domaines de la culture visuelle et matérielle. Les possibilités discursives des ruines sont explorées à travers la construction des imaginaires et des dispositifs culturels des habitants de l’ère post-industrielle, dépassant la pure conservation ou la muséalisation. En appliquant un regard périphérique sur le récit canonique de la décarbonisation, il traite de l’impact visuel, culturel et matériel de la fin du modèle énergétique des combustibles fossiles basé sur le charbon, dans les différents scénarios directement ou indirectement associés à son extraction, à son transport, à sa transformation et à sa consommation.   

La désindustrialisation est un processus socialement construit dans lequel interviennent des dimensions matérielles et culturelles. L’industrialisation impose la logique de l’industrie sur le territoire, qui se matérialise par une forte transformation du paysage via les infrastructures d’exploitation; la désindustrialisation périphérise les industries, affectant la gestion d’un vaste héritage matériel paléo-technique et néo-technique. Dans ce contexte, les paysages sont des outils centraux dans les configurations identitaires subjectives. Réfléchir à la ruine à partir de l’image, c’est prendre en considération le paysage comme un processus culturel dans lequel convergent un temps et un espace dynamiques et dans lequel des liens vitaux – tangibles et intangibles – prennent place, ainsi que des tensions dérivées de pratiques sociales et artistiques.