Kassandra Spooner-Lockyer est candidate au doctorat à l’université de Toronto, où elle étudie les paysages fantomatiques du Cap-Breton désindustrialisé. Elle est coauteur d’articles tels que « 10 Things About Ghosts » et « Walking with a Ghost River : Unsettling Place in the Anthropocene » et a collaboré à la construction d’une carte d’histoires fantomatiques avec le laboratoire d’ethnographie de Concordia. 

Atmosphères fantomatiques et spectres du capital: Les travaux de la vie au Cap-Breton   

 Lorsque le sénateur indépendant de la Nouvelle-Écosse, Daniel Christmas, a averti que « le Cap-Breton/Unama’ki saigne lentement à mort » (Christmas 2019), il commentait une histoire longue et fragmentée de modes d’expansion et de retrait coloniaux et capitalistes qui ont culminé dans un état actuel de désindustrialisation, d’émigration massive et de hausse des taux de chômage. Ces dures réalités économiques et sociales s’accompagnent d’une commémoration permanente de certains passés de l’île, principalement l’histoire industrielle et gaélique du Cap-Breton. Cette tendance à cultiver des passés particuliers a été principalement capitalisée et propagée par l’industrie touristique, qui est maintenant la principale industrie d’emploi de l’île, tout au long du 20e siècle. En conséquence, le Cap-Breton contemporain semble aujourd’hui hanté par les forces résiduelles et émergentes de la dépossession coloniale et économique. Nombre de ces spectres se sont matérialisés en véritables fantômes et se sont installés dans l’imaginaire populaire du cinéma et de la littérature, tandis que des équipes d’enquêteurs paranormaux comme Haunts from the Cape recherchent et répondent aux préoccupations locales concernant les manifestations fantomatiques. Ce projet vise donc à explorer ethnographiquement les traces matérielles et sociales des processus passés du colonialisme et du capitalisme dans le Cap-Breton d’aujourd’hui, telles que celles rendues manifestes par les nombreux fantômes de l’île. Mon projet pose les questions suivantes : Quels passés viennent habiter le présent au Cap-Breton et quelles atmosphères sociales produisent-ils à leur tour? Quelles formes prennent ces passés et comment sont-ils tour à tour reconnus, ignorés, gérés, réduits au silence, compris, exprimés et commémorés?