Nora Küttel mène actuellement des recherches et enseigne à l’Institut des géosciences et de la géographie de l’Université de Halle. Dans le cadre de son projet post-doctoral, elle s’intéresse aux multiples transformations et crises du travail dans les chantiers navals d’Allemagne de l’Est au cours des 35 dernières années.  

Nora est titulaire d’un doctorat en géographie de l’université de Münster. Sa thèse de doctorat analysait les interrelations entre l’art et l’espace à Détroit d’un point de vue ethnographique. Titulaire d’un master en design urbain et d’une licence en géographie, Nora s’intéresse également aux études urbaines critiques, à la géographie culturelle et aux processus de transformation, ainsi qu’aux méthodes de recherche ethnographique et créative et à la méthodologie féministe. 

 

La perte dans la transformation : Travail, identité et espace dans les chantiers navals de l’Allemagne de l’Est  

Le projet de recherche étudie les multiples transformations des chantiers navals d’Allemagne de l’Est et s’intéresse particulièrement aux intersections du travail, de la perte et de l’espace. L’enquête se concentre sur les travailleurs des chantiers navals qui ont été/sont extrêmement exposés aux incertitudes et perturbations constantes causées par les fermetures, les désinvestissements et les faillites des chantiers navals, à partir de la réunification de l’Allemagne en 1989/1990.  

Se concentrant sur la période allant de 1989 à aujourd’hui, le projet de recherche considère les transformations comme des processus de dis/continuité et s’interroge sur la manière dont les travailleurs vivent, interprètent et se souviennent des processus de transformation et sur les phénomènes sociaux et culturels, les relations, les espaces et les identités qui sont perdus, remodelés ou écrasés au cours de ces processus. Comme le thème de la perte – à côté de l’espace et du travail – est un élément de cadrage du projet, celui-ci s’intéresse également aux stratégies individuelles et collectives d’adaptation, de résilience et/ou de résistance à (la menace de) la perte qui sont déployées.  

Le projet applique une approche qualitative qui cherche à rassembler différentes méthodes et matériaux. Il combine des documents d’archives (magazines d’entreprise, collections d’articles de journaux, discours politiques et photographies) et des entretiens d’experts avec des entretiens narratifs avec d'(anciens) travailleurs.  

Jusqu’à présent, le projet a permis d’identifier que l’insécurité de l’emploi, l’anxiété face à l’avenir, l’insatisfaction ainsi que la déception, le désenchantement, la frustration et le choc sont des émotions récurrentes exprimées par les travailleurs depuis les années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Mais elles sont également confrontées, et parfois même perturbées, par des émotions opposées telles que l’espoir, l’optimisme, le plaisir, la fierté et la satisfaction. Il est intéressant de noter que ces deux types d’émotions peuvent s’accompagner d’une forte identification à la main-d’œuvre du chantier naval et au produit (le navire). Le projet poursuit maintenant ces premières découvertes, en se concentrant particulièrement sur leurs significations plus larges pour la vie quotidienne et la construction et la reconstruction de l’identité des travailleurs, ainsi que sur leur attachement et leur détachement du lieu de travail. 


Site web: https://digital.geo.uni-halle.de