Matthew Penney est professeur agrégé au département d’histoire de l’Université Concordia. Il est spécialiste de l’histoire du Japon après la Seconde Guerre mondiale et ses travaux portent sur la mémoire et la contestation de la représentation de l’histoire de la guerre et de l’empire par la gauche et la droite. Ses travaux récents ont abordé les théories marxistes du capitalisme mondial et leurs liens avec la désindustrialisation.
Énoncé du projet:
Projet de livre – Righting History: Neonationalism and Neoliberalism in Japan
Projet d’article DéPOT – (en collaboration avec Fred Burrill) Article sur « l’essor » de l’économie chinoise, la place de la Chine dans la formation de l’identité économique canadienne et l’incapacité de la gauche canadienne à élaborer des stratégies efficaces pour faire face à ces changements depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui.
La plupart des écrits d’extrême droite au Japon se concentrent sur la négation des crimes de guerre et de l’exploitation sous l’empire japonais. Ce sont des thèmes importants, mais mon travail s’intéresse plutôt à la manière dont les auteurs de droite se tournent vers le passé pour façonner l’image d’un Japon économiquement prospère et géopolitiquement puissant à des fins actuelles. Il en résulte non seulement un déni des atrocités historiques et du rôle de l’État japonais, mais aussi une mise en forme du passé utilisable pour faire passer l’austérité néolibérale, le transfert du public vers le privé sous forme de keynésianisme militaire, la déréglementation et d’autres politiques similaires pour une conséquence naturelle de la « tradition japonaise ». Il existe des continuités avec les formes populistes de droite qui prévalent ailleurs, mais mon projet met l’accent sur les différences locales dans l’expression des politiques néolibérales et leur justification à travers l’histoire, la culture et la compréhension des changements historiques et des formes transhistoriques, même si elles sont influencées par les tendances économiques mondiales et les réseaux idéologiques. Dans le cadre de ce projet, je prévois de contribuer à DéPOT en analysant la manière dont les populistes de droite au Japon présentent la désindustrialisation comme une étape inévitable pour parvenir à une économie nationale « rationalisée » qui garantit des profits financiers et réduit les « coûts » de main-d’œuvre, censés accroître la compétitivité, tout en déplorant les effets pratiques de la délocalisation. Cet imaginaire contradictoire crée un sentiment de crise au cœur des écrits de droite, des discours politiques et d’autres formes de présentation publique de leurs idées.