Filippo Sbrana est professeur associé d’histoire économique à l’université pour étrangers de Pérouse. Il participe à plusieurs projets de recherche nationaux et internationaux et fait partie du comité éditorial de plusieurs revues scientifiques. Ses recherches portent sur les thèmes suivants : l’histoire économique et politique à l’époque moderne ; l’intervention publique dans l’économie ; le secteur bancaire et financier ; les organisations patronales et les syndicats de travailleurs ; le Mezzogiorno, le développement régional et les relations Nord/Sud en Italie ; le commerce extérieur (en particulier lié au développement et aux relations géopolitiques) ; les conséquences économiques et sociales de la désindustrialisation. Ses publications sont souvent axées sur les liens entre les faits économiques et les aspects politiques et sociaux. Il a également étudié la biographie de certains protagonistes de l’histoire italienne moderne, tels que Guido Carli, Pasquale Saraceno et Ugo La Malfa. Actuellement, ses recherches portent principalement sur deux sujets. Le premier est la crise économique des années soixante-dix et ses conséquences en Italie : les transformations économiques, sociales et politiques, l’origine de la « question du Nord » et de la Lega Nord, le racisme à l’égard des citoyens du Sud. Sur ce sujet, il a publié en mai 2023 le livre Nord contro Sud. La grande fracture de l’Italie républicaine, Carocci. Le deuxième sujet est la projection internationale de l’économie italienne après la Seconde Guerre mondiale, avec des aperçus sur le rôle des banques, le développement économique et les conséquences géopolitiques.


Déclaration de projet 

 De la crise économique au populisme de la Lega Nord, l’histoire moderne italienne offre un angle intéressant pour analyser les points de convergence entre le populisme et le racisme. L’objet de mon projet de recherche est sur l’origine et du développement du mouvement populiste Lega Nord. Le projet est structuré autour de deux problèmes, tous deux situés dans les années 1970. Le premier est la crise économique. Elle a été une force majeure qui a contribué à une hausse de taux de chômage en Italie pendant les années 1970, notamment dans le secteur industriel. Le deuxième problème est celui de la création de régions administratives dans le pays. Elle a été responsable du déclanchement d’opposition entre le nord et le sud du pays. Vers le début des années 1980, les premières ligues autonomistes sont créés dans le nord de l’Italie et se fusionnent avec la Lega Nord en 1991. Dans la première moitié des années 1990, la politique italienne commence à changer. Le plus grand parti (le DC catholique) cesse d’être élu au parlement ; la Deuxième République est née ; et le gouvernement adopte un nouvel agenda politique. La priorité du gouvernement est maintenant sur la croissance des régions riches au nord et non sur le sous-développement dans le sud. La Ligue joue un rôle très important dans ces événements. Par la suite, il cesse d’être un mouvement régionaliste et devient un parti national. En 2018, les Lega obtiennent environ 20 % des élus au Parlement.  

 

J’étudie ces questions depuis plusieurs années, en mettant l’accent sur les relations entre le nord et le sud du pays. Maintenant, je les analyse (ainsi que d’autres événements) d’un autre point de vue. J’aimerais approfondir mes connaissances sur les liens entre la désindustrialisation, le populisme et le racisme. Tout au long de l’histoire de cet « Question du Nord » et de Lega Nord, on retrouve des éléments liés au populisme : la crise économique des années 1970, le changement du système industriel, le taux de chômage ; la désaffection pour les fêtes traditionnelles ; la dénonciation des élites qui ne gouvernent non pour le bien du peuple (du nord). En collaborant avec différents chercheurs qui se spécialisent dans ce sujet aidera à approfondir les particularités de l’histoire italienne et ces liens dans le cadre international et mondial.